L’angiœdème héréditaire résultant d’un déficit en C1 inhibiteur (AOH-C1INH) est une maladie autosomale dominante, dont la prévalence est estimée à environ 1 : 50 000 [1,2]. Cette maladie se caractérise par des crises aléatoires, douloureuses et souvent imprévisibles d’œdèmes se produisant généralement au niveau des extrémités, de la muqueuse intestinale, des organes génitaux, du visage et des voies respiratoires supérieures [3]. Ces crises sont accompagnées de troubles fonctionnels importants ayant une incidence sur la qualité de vie liée à la santé ainsi que sur la mortalité en cas d’œdème laryngé [4,5]. Les gonflements présents chez les patients atteints d’AOH sont causés par un dérèglement dans la régulation de la synthèse de bradykinine [6]. La bradykinine est une hormone peptidique, composée de neuf acides aminés, membre de la famille des kinines. Celle-ci est formée à partir du kininogène de haut poids moléculaire par l’action de la kallikréine plasmatique. La bradykinine est un puissant vasodilatateur. De plus, l’action de la bradykinine sur ses récepteurs augmente la perméabilité vasculaire, stimule la contraction des muscles lisses et entraîne la génération de douleur via la stimulation de certains récepteurs de la douleur [1].

L’AOH peut être divisé en trois types différents selon l’expression et l’activité du C1 inhibiteur (C1-INH) : type 1 (AOH-1), type 2 (AOH-2) et AOH avec fonction C1-INH normale (AOH-C1INHn), rapporté précédemment comme type 3 (Tableau 1). L’AOH-1 est la forme d’angioedème la plus répandue, représentant approximativement 85 % des cas. Cette pathologie est caractérisée par une faible expression du C1-INH et, par le fait même, d’une faible activité de celui-ci. L’AOH-2 compte pour approximativement 15 % des cas et est associée à une expression normale du C1 INH. Toutefois, le C1-INH retrouvé chez ces patients n’est pas fonctionnel [7,8]. De plus, l’expression du complément C4 est réduite dans 98 % des cas qu’il s’agisse d’AOH-1 ou d’AOH-2 et dans près de 100 % des cas lors d’une crise [7].

L’AOH-C1INHn (précédemment rapporté comme AOH de type 3) est nettement plus rare que l’AOH-1 et l’AOH-2. La prévalence réelle n’est pas connue, car il n’existe pas de test fiable pour diagnostiquer cette condition. Chez environ 20 % à 25 % des patients identifiés, une mutation causale du gène codant pour le facteur XII de coagulation (F12) a été découverte (AOH-C1INH-FXII) alors que chez les patients restants, aucune cause génétique n’a été identifiée jusqu’à aujourd’hui (AOH-C1INHn-inconnu) [11-13]. La pathogenèse de l’AOH-C1INHn, notamment l’implication  des mutations du gène F12 et le rôle des œstrogènes, demeure inconnue. L’absence de tests de laboratoire et de tests génétiques pour diagnostiquer l’AOH-C1INHn (à l’exception des mutations du gène F12), a rendu l’identification de ces patients plus difficiles que celle des patients atteints d’AOH-1 ou d’AOH-2. Un groupe de consensus international a récemment publié des critères permettant de diagnostiquer l’AOH-C1INHn [13]. Parmi ces critères, on retrouve : une histoire d’angiœdèmes récurrents n’étant pas accompagnés de symptômes cutanés et n’étant pas causés par l’utilisation de médicaments connus pour causer des angiœdèmes ; une expression et une activité du C4 et du C1-INH normale ou presque ; une mutation du gène F12 associée à une maladie ou une histoire familiale d’angiœdème accompagnée du manque d’efficacité documenté d’un traitement chronique à base de fortes doses d’antihistaminiques non sédatif [13].